New York Times Bestselling Author

Le métier de rêve d’Élodie Winters, chef cuisinier d’une famille puissante de New York, va tourner au cauchemar quand elle apprend que son employeur est à la tête d’un clan mafieux. Désormais en fuite, elle pense enfin être en sécurité en pleine mer d’Arabie, cuisinière sur le navire de marchandises l’Asaka Express. Quand le cargo est saisi par les pirates, elle n’arrive pas à croire à sa malchance… mais les choses ne vont pas tarder à s’améliorer.

Scott « Mustang » Webber est retiré de sa mission actuelle, ainsi que le reste de son équipe de SEAL, pour prévenir un acte de piraterie au Moyen-Orient. Les militaires sont surpris quand la première personne à appeler à l’aide par radio est une femme. Scott perçoit vite que « Rachel Walters » cache quelque chose et il propose son aide. Il est à la fois étonné et ravi quand elle débarque à Hawaï à sa recherche, quelques mois plus tard. Il avait ressenti un lien avec elle sur ce navire… un lien qu’il est impatient d’explorer davantage.

Garantir la sécurité d’Élodie à Hawaï s’avère plutôt facile… jusqu’à ce que tout change. De longues journées passées au paradis ramolliraient n’importe qui. Or maintenant, Mustang doit travailler contre la montre et les éléments dans la plus grande mission de sa vie : retrouver Élodie.

** Un paradis pour Élodie est le premier tome de la série Hawaï : Soldats d’élite. Chaque livre peut se lire indépendamment des autres et ne se termine pas sur un suspense.

Chapitre Un


Attention. Attention. Ceci est le Capitaine Conger. Le navire est attaqué par des pirates. Ceci n’est pas un exercice. Je répète, pas un exercice. Faites ce que vous pouvez pour vous cacher, mais ne vous mettez pas en danger, vous ou les autres. Les autorités ont été averties. Si vous avez accès à une radio et que vous pouvez le faire sans danger, utilisez la fréquence d’urgence pour parler à quiconque écoute et peut nous aider. Nous connaissons mieux ce navire qu’eux. Préparez-vous et si vous êtes du genre à prier… priez.


Élodie Winters, connue auprès de l’équipage de l’Asaka Express sous le nom de Rachel Walters — ou simplement Chef — bougeait déjà avant que le capitaine ait terminé son annonce dans les haut-parleurs. Tout l’équipage avait été briefé quelques jours auparavant, en pénétrant dans les eaux dangereuses du golfe d’Aden, aux abords de la Somalie et du Yémen. Elle avait été assez effrayée pour porter ses vêtements au lit. Mais au fond d’elle, Élodie ne s’était pas dit que le danger était réel.

Le navire sur lequel elle travaillait possédait des lances à eau pouvant projeter une quantité insensée de liquide sur toute personne assez stupide pour essayer de s’approcher, et cela faisait des années qu’elle n’avait pas entendu parler de la prise d’otages d’un navire aussi grand que celui-ci. Elle ne savait pas du tout si les lances à eau étaient en panne ni comment les pirates étaient montés à bord.

Mais ils étaient là.

Son cœur battait à mille kilomètres-heure pendant qu’elle se déplaçait dans sa chambre dans les entrailles du navire. Les ingénieurs et les officiers de haut rang possédaient des chambres sur les ponts supérieurs, mais ça n’avait pas dérangé Élodie d’être logée plus bas. Elle aimait être près de sa cuisine.

Quand elle était arrivée à bord, elle avait été surprise d’apprendre que tout le monde avait sa propre chambre : elle s’était attendue à devoir partager. D’un autre côté, il n’y avait que vingt-deux employés sur ce navire, contrairement aux bateaux de croisière qui avaient des centaines de membres d’équipage et des milliers de passagers.

En théorie, Élodie savait pourquoi les pirates attaquaient les gros navires qui traversaient le golfe d’Aden, mais la réalité semblait impossible. Elle avait vu le film sur l’attaque du porte-conteneurs Maersk Alabama et elle avait été surprise par la facilité avec laquelle les pirates avaient semblé monter à bord. L’Asaka Express faisait à peu près la même taille que le Maersk Alabama, mais le capitaine Conger avait rassuré tout le monde en expliquant que les mesures de sécurité appliquées depuis ce détournement s’étaient beaucoup améliorées.

Apparemment, il y avait encore de quoi les parfaire. 

Élodie prit le temps de mettre les bottes qu’elle avait à côté de son lit et elle attrapa sa radio de secours. Tous les employés en avaient reçu une. Elle pouvait communiquer avec le pont et accéder à d’autres fréquences si nécessaire.

En serrant sa radio contre elle comme une bouée de sauvetage, elle ouvrit vite sa porte… et poussa un petit cri de frayeur quand elle faillit heurter quelqu’un dans le couloir.

— Je venais vérifier que tu étais bien réveillée, dit Manuel dont la terreur s’entendait facilement.

Élodie était la chef cuisinière à bord. Elle avait un assistant, le sous-chef. Manuel était sous sa responsabilité et il était chargé des pâtisseries et du service de l’équipage et des officiers. Les autres employés engagés par la compagnie maritime étaient des ingénieurs et des officiers. Elle était la seule femme à bord et elle avait craint que ce soit bizarre au début, mais la majorité des hommes étaient respectueux et ne faisaient pas trop attention à elle.

Un des officiers, Valentino, avait cependant cru qu’elle allait sauter sur l’occasion de le rejoindre dans son lit, et quand elle avait poliment refusé, il s’était vexé. Elle avait appris à l’éviter.

— Rachel ? demanda Manuel et Élodie secoua la tête en essayant de se concentrer sur le désastre en cours. Que devons-nous faire ?

— Ce à quoi nous avons été entraînés, lui dit-elle.

Elle regrettait de ne pas avoir choisi un nom plus proche du sien, mais d’un autre côté, elle n’avait pas vraiment eu le choix. Elle avait dû se contenter de l’identité inscrite sur les faux documents qu’elle avait achetés.

La raison pour laquelle elle utilisait un pseudonyme était une autre histoire. Pour l’instant, elle avait besoin d’un endroit sûr, et sa chambre ne l’était pas. Ils avaient été prévenus pendant leurs entraînements à la sécurité que les pirates allaient sans doute piller les chambres individuelles en cherchant les objets de valeur et l’argent. Et elle ne voulait surtout pas être découverte. Elle se sentait relativement en sécurité parmi les hommes du navire, mais elle ne savait pas du tout ce qu’allaient faire des pirates en trouvant une femme à bord.

— Descends à la salle des machines, dit Élodie à Manuel.

— Et toi ?

— Je vais à la cuisine. Je peux me cacher dans un des nombreux placards, s’il le faut. Pas toi. De plus, avec la salle des légumes, les frigos et la chambre froide, il y a beaucoup d’endroits où je peux me dissimuler. Nous ne savons pas combien de temps ça va durer. Il vous faudra de la nourriture si les pirates décident de rester. Je peux utiliser le monte-plats pour vous envoyer des vivres dans la salle des machines. Il vaut mieux que nous ne nous promenions pas partout tant que les pirates sont à bord.

— Mais si les pirates restent pendant longtemps, ils vont descendre ici. Ils auront aussi besoin d’eau et de nourriture, rétorqua Manuel.

Élodie savait qu’il avait raison, mais l’endroit où elle se sentait le plus en sécurité, c’était dans sa cuisine. De plus, le capitaine avait dit avoir contacté les autorités. Elle ne savait pas qui il avait réussi à joindre, mais elle était confiante et pensait que le détournement ne durerait pas des semaines.

— Ils vont être occupés ailleurs pendant un moment, dit Élodie à son assistant.

Manuel eut l’air de vouloir protester. Il voulait insister pour qu’elle l’accompagne, mais le bruit d’une porte qui se refermait dans la cage d’escalier près de là résonna dans le couloir et Manuel regarda par-dessus son épaule, les yeux écarquillés de terreur.

— Vas-y, ordonna Élodie.

Il se mit en route sans plus d’encouragements, courant dans la direction opposée au bruit. Élodie ne savait pas du tout si les pirates parcouraient déjà le navire ni combien il y en avait, mais elle n’allait pas rester dans le couloir et attendre qu’ils la trouvent.

Elle n’était pas venue jusque-là, ne s’était pas échappée de sa vie à New York pour être la proie d’un pirate maintenant. Serrant toujours la radio dans ses mains, elle courut vers l’escalier. La salle des machines était haute de quatre niveaux et il y avait une entrée ici, mais la cuisine se trouvait à deux ponts au-dessus de sa chambre. Elle devait bouger.

— Manuel ira bien, dit-elle doucement.

Elle avait toujours eu tendance à se parler à voix haute et avait vainement essayé de se débarrasser de cette habitude. Parce qu’elle avait passé une grande partie de sa vie toute seule, elle avait commencé à se parler pour rompre la monotonie.

— Walter gère la situation, murmura-t-elle en ouvrant précautionneusement la porte de la cage d’escalier.

Le capitaine avait demandé à tout le monde de l’appeler par son prénom et même si c’était bizarre au début, elle avait fini par s’y habituer. Il avait la cinquantaine, des cheveux gris, et il souriait tout le temps. Il était pragmatique et traitait tout le monde avec beaucoup de respect. Elle le respectait en retour et elle se sentait en sécurité avec lui aux commandes.

John et Troy apparurent dans l’escalier au-dessus et ils passèrent devant elle en lui jetant à peine un regard. Ils étaient mécaniciens et se dirigeaient évidemment vers la salle des machines. Elle entendit d’autres pas se diriger vers les ponts supérieurs et supposa qu’il s’agissait des officiers montant vers la passerelle. Élodie courut aussi vite qu’elle le pouvait jusqu’à l’étage où se trouvait la cuisine.

Elle n’avait pas menti à Manuel, il y avait de nombreux endroits où se cacher dans les salles de la cuisine. Elle en avait déjà fait le tour pour s’en assurer, mais pas parce qu’elle avait eu peur des pirates.

Elle avait peur de Paul Columbus.

Cet homme avait dit plus d’une fois que le seul moyen de ne plus travailler pour lui était de s’enfermer dans une caisse en sapin. Elle ne savait pas qu’il était le chef d’une des familles mafieuses les plus dangereuses de New York quand elle avait accepté un emploi en tant que cuisinière personnelle. Elle avait simplement été enthousiaste de quitter le travail au restaurant. Le salaire proposé avait également été difficile à refuser.

Au départ, elle avait été complètement ignorante de la façon dont la famille Columbus avait gagné ses millions. Elle était heureuse de rester dans la cuisine sans se mêler du reste, créant des plats délicieux pour Paul et ses invités fréquents. Mais elle avait fini par comprendre que l’homme pour lequel elle travaillait était plus que diabolique. Il lui importait peu de savoir à qui il faisait du mal, tant qu’il trouvait un moyen de gagner de l’argent illégalement.

Tout ce qui l’avait entouré dans cette maison avait été acheté avec de l’argent sale, même la nourriture qu’elle aimait tant préparer au début.

En sachant qu’elle n’avait pas le temps de repenser à toutes les erreurs qu’elle avait commises dans sa vie, Élodie entra dans le mess des officiers. Toutes les salles de cette partie du navire étaient reliées par une longue ligne horizontale. D’abord, il y avait le mess des officiers, puis le garde-manger des officiers, la cuisine, le garde-manger de l’équipage, et enfin le mess de l’équipage. Il y avait une porte dans la cuisine qui menait à un couloir contenant les pièces de stockage de nourriture. Il y avait un congélateur général, un congélateur à poisson, trois frigos, et plusieurs garde-manger pour stocker la nourriture sèche.

Elle avait déjà exploré tous les placards dans lesquels elle pouvait se cacher et elle avait même étudié la façon dont elle pouvait atteindre les ascenseurs et les escaliers sans être repérée, si nécessaire. Elle ne savait pas du tout où elle aurait pu se cacher dans la salle des machines, ce qui était une autre raison pour laquelle elle avait souhaité venir ici. C’était ici qu’elle était à l’aise. Elle savait que si les pirates décidaient de rester un peu, ils allaient se rendre à la cuisine, comme l’avait dit Manuel. Bien que cela rende la situation plus dangereuse pour elle, elle allait également faire en sorte que leurs passages à la cuisine soient aussi courts que possible.

En gardant la radio à portée de main dans une grande poche de son pantalon de treillis, Élodie travailla aussi vite que possible. Elle déplaça trois paquets de bouteilles d’eau dans la zone principale de la cuisine, afin qu’ils soient vus facilement. Puis elle sortit plusieurs cartons de crackers, quelques miches de pain et des sacs de chips, qu’elle disposa stratégiquement dans la cuisine et les deux garde-manger de l’équipage. En général, la nourriture était stockée dans des placards et attachée afin que les cartons et les boîtes de conserve ne bougent pas quand la mer était agitée. Elle voulait que la nourriture soit facilement accessible pour les pirates, mais en même temps, elle ne voulait pas donner l’impression que quelque chose avait été laissé volontairement à disposition. Elle voulait que les pirates pensent avoir trouvé le bon filon avec la nourriture placée bien en vue et qu’ils ne prennent pas la peine de chercher plus loin.

Élodie s’essuya le front. Elle transpirait et détestait ne pas savoir ce qu’il se passait très loin au-dessus de sa tête, sur la passerelle. Les pirates étaient-ils à bord ? Étaient-ils arrivés jusqu’à la passerelle ? Faisaient-ils du mal au capitaine et aux autres officiers ?

Et surtout, que voulaient-ils ?   

La radio qu’elle avait fourrée dans son pantalon émit un bruit soudain, faisant horriblement peur à Élodie.

— Merde ! s’exclama-t-elle en posant une main sur son cœur battant et en utilisant l’autre pour sortir la radio.

Les voix étaient estompées, mais elle entendait des cris masculins avec des accents forts et Walter essayant de les apaiser.

Ne comprenant pas ce qu’elle entendait, Élodie resta au milieu de la cuisine à essayer de déchiffrer ce qu’il se passait. Il lui fallut une minute, mais elle comprit enfin que quelqu’un avait activé une radio sur la passerelle et que celle-ci diffusait tout ce qu’il se passait.

Elle eut des frissons glacés dans le dos en écoutant Walter faire de son mieux pour calmer les pirates. Il était difficile de savoir combien ils étaient, mais il lui sembla qu’il y en avait plus d’une poignée. Son estomac se noua de terreur. Plus il y avait de pirates, plus il leur était facile de contrôler le navire, d’en laisser certains avec le capitaine et les officiers sur la passerelle pour en envoyer d’autres roder sur les ponts, cherchant l’équipage et les objets de valeur. Élodie n’avait surtout pas besoin d’être prise en otage contre une rançon. Son visage serait alors affiché partout dans les journaux télévisés… ce qui signifiait que Paul Columbus pouvait utiliser son grand réseau mafieux de soldats et d’associés pour la retrouver.

— Où est coffre-fort ? demanda un des pirates d’une voix forte.

— Pas ici. Il est en bas, dans une des chambres des cartes, lui dit Walter.

— Tu vas, tu cherches l’argent.

— Vous pouvez avoir tout notre argent, puis vous partez, dit Walter.

— Partir non, dit sévèrement un autre homme. Tu mets navire où on dit. Nos hommes viennent. Tu ouvres conteneurs.

— C’est… c’est dangereux, balbutia Walter.

— Pas important. On ouvre. Tu conduis ! cria l’homme.

Puis, Élodie entendit retentir un coup de feu… et elle retint sa respiration en souhaitant savoir si quelqu’un avait été touché et qui.

— Stop ! D’accord, d’accord ! Nous ouvrirons les conteneurs que vous voulez, mais ne tirez plus avec cette chose ! cria Walter désespérément.

Les pirates se contentèrent de rire.

— Nous tirons où et quand nous voulons. Nous tirons sur toi si tu ne donnes pas ce qu’on veut. Pas d’otages, trop difficiles pour l’argent. Mais si tu ne fais pas ce qu’on dit, nous tuons, dit l’un des pirates.

— Vous ne pouvez pas tirer sur Walter, chuchota Élodie. Nous avons besoin de lui pour faire naviguer ce foutu navire.

Comme si le capitaine pouvait l’entendre, il dit :

— Si vous nous tuez, mes officiers et moi, ce navire s’échouera. Le détroit de Bab el-Mandeb est très difficile.

— Je suis pêcheur. Je peux conduire bateau, dit un des pirates d’un ton indifférent.

Élodie ricana. Manœuvrer un énorme porte-conteneurs comme celui-ci était très différent des petits bateaux auxquels les pirates étaient sans doute habitués.

— Nous savons qu’il y a d’autres hommes à bord, dit quelqu’un d’autre. Nous trouverons et tuerons si tu ne fais pas ce qu’on demande.

— Vous n’avez besoin de faire de mal à personne, s’empressa de dire Walter. Nous ferons ce que vous voulez. Mais ne faites pas de mal à mon équipage.

Il y eut d’autres bruits de bagarre et les pirates se mirent à parler entre eux dans une langue qu’Élodie ne comprenait pas.

Les choses dégénéraient et elle était terrifiée. Mais Walter avait dit avoir appelé les autorités. Quelqu’un allait venir les aider, n’est-ce pas ? La marine américaine n’avait-elle pas des bateaux dans cette partie du monde ? Il était impensable que ces pirates puissent simplement voler un énorme navire de marchandises comme celui-ci.

Décidant qu’il valait mieux rester discrète pour l’instant, Élodie sortit de la cuisine et entra dans un garde-manger pour la nourriture sèche. Il y avait un placard au fond de la pièce dans lequel elle savait pouvoir passer. Elle se serra dans le petit espace, déplaçant de gros sacs de pommes de terre et d’autres ingrédients devant elle. Cela ne trompait personne à la recherche de gens cachés, mais ça suffisait si l’on se contentait d’ouvrir la porte pour jeter un coup d’œil à l’intérieur.

Elle posa la radio sur ses genoux et la regarda. Elle ne pouvait pas vraiment y voir dans le noir, mais les lumières de l’appareil la calmèrent. Elle commença mentalement à prendre des notes sur ce qu’elle entendait. Elle ne savait pas si c’était utile, mais peut-être qu’après leur sauvetage, elle pourrait ainsi raconter ce qui était arrivé.

Élodie n’aimait pas les situations dramatiques. Elle était chef, bon sang. Comment une seule personne pouvait-elle avoir autant d’ennuis en une seule vie ? Paul Columbus avait déjà promis de la tuer pour avoir refusé de lui obéir, et maintenant elle se cachait des pirates en haute mer.

Tout ce qu’elle avait toujours voulu, c’était une vie tranquille. Peut-être trouver un homme et se marier, avoir un enfant ou deux et cuisiner pour gagner sa vie. Maintenant, elle avait trente-cinq ans, et quelque part en chemin, son plan de vie simple avait sérieusement déraillé.

Ce travail à bord du navire de marchandises lui avait semblé être une véritable bénédiction. Elle pouvait quitter le pays et s’éloigner de Columbus et de son réseau qui essayaient de l’éliminer. Qu’y avait-il de mieux que d’être isolée sur un navire au milieu de l’océan ? Elle allait être parfaitement en sécurité.

— Oui, parfaitement en sécurité, maugréa-t-elle en fermant les yeux et en appuyant sa tempe contre le fond du placard. Elle devait croire que la situation allait bientôt prendre fin. Walter allait faire ce que les pirates voulaient et ils obtiendraient les objets de valeur qu’ils pouvaient trouver dans les conteneurs qu’il était possible d’atteindre et d’ouvrir, puis ils partiraient. Ils retourneraient d’où ils venaient, laissant Élodie et le reste de l’équipage poursuivre leur vie.

Bon. C’était ainsi que ça se passait dans un film hollywoodien, mais là, il s’agissait de la vraie vie. Vu la tournure des événements, elle allait sans doute finir par être prise en otage et forcée à épouser un chef de tribu africaine.

* * *

Scott « Mustang » Webber jeta un coup d’œil à son équipe de SEAL. Midas, Aleck, Pid, Jag et Slate étaient entièrement focalisés sur la paperasse devant eux. Ils étaient en mission au Pakistan quand on les avait informés d’un changement dans les plans. Ils avaient été retirés du désert et conduits par hélicoptère jusqu’au USS Paul Hamilton, un destroyer lance-missiles participant à ce moment-là à des opérations navales conjointes dans la mer d’Arabie. Il y avait plusieurs autres vaisseaux dans la zone : USS Lewis B. Puller, USS Firebolt, USCGC Wrangell, et USCGC Maui. Son équipe était arrivée à bord et avait immédiatement été conduite dans une salle de conférences, où l’amiral à bord les avait mis au courant de leur mission actuelle.

Apparemment, un navire de marchandises de taille moyenne avait été pris par des pirates dans le golfe d’Aden. Le capitaine avait émis un appel de détresse disant qu’un nombre inconnu de pirates était monté à bord et qu’il avait besoin d’aide aussi vite que possible. Depuis, il n’y avait pas eu de communication avec le capitaine ou les pirates.

L’USS Paul Hamilton et les autres vaisseaux se rendaient dans cette direction, mais pour l’instant, ils n’avaient pas plus d’informations.

Mustang se souvenait d’avoir entendu parler de l’incident du Maersk Alabama et de la façon dont des SEAL snipers avaient abattu les pirates qui avaient forcé le capitaine à monter dans un des canaux de sauvetage du navire. Mustang et son équipe n’étaient pas des snipers, et franchement, il détestait les sauvetages dans des lieux exigus, comme sur un canot. Il préférait vraiment monter à bord du navire lui-même. Il y avait de nombreux endroits où se cacher et il était possible d’abattre les pirates un par un.

— Où vont-ils ? demanda Midas.

— Pour l’instant, ils ont l’air de maintenir le cap prévu, dit l’amiral. Ils vont vers l’ouest, vers Djibouti. Ils sont censés tourner vers le nord et traverser le détroit de Bab el-Mandeb avant de se mettre à quai à Port-Soudan.

— C’est un détroit assez difficile, fit observer Aleck.

— Effectivement, acquiesça l’amiral.

— Savons-nous de quelle nationalité sont les pirates ? Quel est leur plan ? demanda Pid.

— Malheureusement, pas encore. Nous avons essayé de les contacter, de faire en sorte que quelqu’un nous parle, mais soit les radios ne fonctionnent plus, soit ils nous ignorent volontairement.

— Merde, jura Jag.

Mustang était d’accord. Sans informations, il était presque impossible de préparer un plan.

Presque.

— Alors, nous y allons à l’aveuglette ? demanda Slate.

Mustang ne put s’empêcher de sourire. Slate était généralement le premier à se porter volontaire pour les missions dangereuses.

— Sauf si nous parvenons à faire en sorte que quelqu’un nous parle… oui, répondit Mustang avant que l’amiral le fasse.

Ils avaient de la chance d’être déjà dans la zone et d’avoir pu être retirés de leur mission précédente. Leur équipe était montée à bord de plusieurs navires de marchandises auparavant et ils savaient que c’était plein de couloirs et de recoins. Même s’il détestait se dire que les membres de l’équipage à bord de l’Asaka Express étaient sans doute morts de peur, il lui tardait de relever le défi en trouvant et en abattant chaque pirate.

— Pardon de vous interrompre, Monsieur, dit le lieutenant en passant la tête dans la salle.

— Qu’y a-t-il ? demanda l’amiral.

— Nous avons une communication de l’Asaka Express.

— Heureusement, dit Midas.

— Pouvez-vous nous la transmettre ? demanda l’amiral.

— Oui, Monsieur. Un instant.

Le lieutenant disparut.

Mustang et son équipe attendirent impatiemment que la connexion soit établie avec le cargo. Quand la radio sophistiquée au milieu de la table émit enfin un bruit, Mustang écarquilla les yeux de surprise en entendant la voix à l’autre bout.

— Allô ? Êtes-vous là ?

— Oui, Madame, vous avez été raccordée. Veuillez dire à l’amiral ce que vous venez de me raconter.

— Euh… d’accord. Je suis sur l’Asaka Express et il y a des pirates à bord. Nous avons besoin d’aide.

La voix de la femme tremblait et elle était clairement effrayée, mais elle gardait son sang-froid.

— Je suis l’amiral Light. Je suis responsable de l’USS Paul Hamilton. Nous nous dirigeons vers vous. Comment vous appelez-vous ?

— El… euh… Rachel Walters.

Mustang jeta un coup d’œil à Jag qui leva un sourcil en entendant sa réponse. En général, les gens n’hésitaient pas en donnant leur propre nom. Même dans une situation de stress extrême comme celle dans laquelle se trouvait Madame Walters.

— Quelle est votre fonction à bord ?

— Mon travail ? Je suis la chef cuisinière.

Il arrivait qu’il y ait des femmes à bord des grands cargos qui parcouraient constamment les eaux du Moyen-Orient, mais c’était assez rare pour être intéressant.

— Que pouvez-vous nous dire sur la situation ? demanda l’amiral Light.

— Très bien, euh, eh bien, je ne peux vous dire que ce que j’ai entendu. Je…

— Que voulez-vous dire par là ? demanda Mustang en l’interrompant.

— Oh, euh… il n’y a pas que l’amiral ? demanda-t-elle.

— Oui, répondit Mustang. Mon équipe de SEAL est ici et nous allons venir vous aider, mais nous avons besoin d’autant d’informations que vous pouvez nous en donner avant de venir. Combien de pirates y a-t-il à bord ?

— Eh bien, dit Rachel, le problème est que je n’en ai vu aucun. Ils ont des accents assez forts et j’ai des difficultés à les comprendre. Walter… euh… le capitaine Conger a dit à tout le monde de se cacher, c’est donc ce que nous avons fait. Je suis dans la cuisine… enfin, pas dans la cuisine, mais dans un des garde-manger à côté. J’ai une radio, un des officiers a dû allumer la sienne sur la passerelle, parce qu’elle diffuse. J’entends tout ce qui se passe là-haut, mais encore une fois, c’est difficile à comprendre. Je ne vois pas ce qu’il se passe.

— Combien de membres d’équipage à bord ? demanda Aleck.

— Vingt-deux, moi comprise, répondit Rachel sans hésiter.

— Sur quelle station écoutez-vous la passerelle ? demanda Pid.

— Dix.

— Et sur quelle station êtes-vous maintenant ?

— Euh… cinq, je crois. J’ai changé de fréquence pour savoir si quelqu’un pouvait m’entendre quand vous avez répondu.

Pid fouilla dans son sac sur le sol. C’était l’expert en électronique de l’équipe et Mustang savait qu’il allait essayer de se brancher sur la fréquence radio qu’utilisait Rachel afin d’écouter lui-même ce qu’il se passait sur la passerelle de l’Asaka Express.

— Si vous deviez hasarder un nombre, à votre avis, combien d’hommes sont montés à bord du navire ? demanda l’amiral.

Mustang entendit Rachel soupirer.

— Je ne sais pas, dit-elle. Nous dormions tous quand c’est arrivé et nous nous sommes réveillés quand le capitaine a fait une annonce pour expliquer ce qu’il se passait. Je pense qu’il y a en a plus qu’une petite poignée. Ils ont parlé de fouiller le navire un peu plus tôt, et je crois qu’ils ne le feraient pas s’ils n’avaient que trois ou quatre personnes, mais je ne suis pas une experte dans le détournement de navires, alors je n’en suis pas certaine. Ils veulent de l’argent et ils veulent que le capitaine ouvre les conteneurs. Ils ont parlé d’autres hommes qui allaient venir à bord quand nous arriverons quelque part et aussi qu’ils ne voulaient pas d’otages.

Ne pas vouloir d’otages pouvait être bon ou mauvais signe. Cela pouvait impliquer que les pirates voulaient vraiment seulement l’argent et les objets de valeur. Après l’incident du Maersk Alabama, quand le pirate responsable avait été ramené aux États-Unis et jeté en prison et que ses camarades avaient été tués, la prise d’otages par les pirates n’avait plus eu la côte. Mais ne pas prendre d’otages pouvait aussi vouloir dire que la vie de chaque membre de l’équipage était en danger. Il était plus facile de tirer pour tuer que d’essayer de se débattre avec deux douzaines d’hommes.

Et Mustang ne voulait vraiment pas penser à ce qu’ils allaient faire à une femme s’ils la trouvaient à bord.

— Oh, merde… j’entends quelque chose ! dit Rachel.

— Restez silencieuse, baissez le volume de votre radio, mais ne vous déconnectez pas, ordonna Mustang.

— D’accord… euh… puis-je demander votre nom ? C’est juste… cela paraît plus personnel.

— Bien sûr. Je m’appelle Mustang, lui dit-il. Et toute mon équipe est là. Midas, Aleck, Pid, Jag et Slate.

Il y eut une seconde de silence, puis un léger soupir.

— J’ai été bête de le demander, maugréa-t-elle.

Mustang n’avait pas réfléchi en partageant les surnoms de son équipe : il avait oublié comme ils pouvaient paraître étranges à une civile.

— Scott, dit-il doucement. Je m’appelle Scott.

— Scott. D’accord, chuchota-t-elle avant d’inspirer brusquement lorsqu’un claquement se fit soudain entendre.

Les six SEAL se penchèrent en avant, comme si cela pouvait aider la femme à l’autre bout de la ligne. L’amiral Light était également très tendu en écoutant la transmission radio.

Ils entendirent des voix s’élever en arrière-plan. Mustang ferma les yeux et essaya de distinguer la langue qui était parlée. Il n’était pas expert en langues, mais il eut l’impression que c’était un mélange d’arabe et de français.

— Arrêtez de me pousser ! dit une voix d’homme en anglais.

La respiration de Rachel était bruyante et rapide. Mustang voulait la réconforter. Lui dire de ralentir sa respiration avant de s’évanouir, mais il n’osait pas dire un mot, car cela risquait de révéler l’endroit où elle se cachait.

— Il n’y a personne ici, dit le même homme.

— Les hommes vont regretter pas venir, dit un autre qui était évidemment un des pirates d’après son accent.

— Où plus de nourriture ? demanda un autre.

— Il y a quelques congélateurs dans ce couloir, dit le membre d’équipage, et plus de stockage, mais pour les choses que vous pouvez manger rapidement, sans avoir à les cuisiner, c’est dans les garde-manger de chaque côté de la cuisine. C’est là que nous gardons les en-cas. Ici, il y a surtout de la farine, du sucre, ce genre de choses. Ce qu’utilise le chef pour préparer les repas.

— Montre-nous les garde-manger. Et pas de coups bas.

— Promis, dit l’officier. Je fais exactement ce que vous m’avez dit.

— On revient pour eau et nourriture, dit un des pirates. On cherche plus d’argent maintenant.

Tout le monde dans la salle de conférences chercha à entendre les pas s’éloigner, ou d’autres bribes de conversation, mais ils n’entendirent que la respiration terrifiée de Rachel.

— Tout va bien, dit Mustang doucement après un long moment, incapable de rester silencieux plus longtemps. Ils ne vous ont pas trouvée.

— Je sais, chuchota-t-elle d’une voix si basse que tout le monde dut lutter pour l’entendre.

— Qui était-ce ? demanda Midas.

— Je crois que c’était Bryce… c’est un des officiers qui travaillent avec le capitaine sur la passerelle.

Mustang vit que l’amiral notait le nom, même s’il était certain que quelqu’un travaillait à récupérer une liste de tous les membres d’équipage à bord de l’Asaka Express.

— Avez-vous déjà entendu l’un de ces deux pirates auparavant ? demanda Aleck.

— Je ne sais pas. Je suis désolée. Bon sang, j’aimerais être plus douée, gémit-elle.

— C’est déjà très bien, la rassura Mustang.

— Pas du tout. Jusqu’ici, je ne vous ai rien dit que vous ne savez sans doute pas déjà.

— En dehors de l’appel de détresse du début, vous êtes la première à communiquer depuis votre navire, rétorqua Mustang.

— Ah bon ? demanda Rachel. C’est étrange. Je veux dire, nous avons tous été entraînés à utiliser des radios pour appeler à l’aide.

— Les autres se trouvent-ils dans la salle des machines ou dans les entrailles du bateau ? demanda Pid.

— Sans doute les deux, mais je pense que la plupart sont dans la salle des machines. C’est bruyant et plus facile pour se cacher. Une quinte de toux ou un mouvement peuvent être aisément camouflés par le bruit des machines.

— Quand on se trouve plus bas dans le navire, entouré par tout l’acier, cela empêche les transmissions radio de passer facilement, lui dit Pid.

— Je suppose que c’est logique, songea Rachel.

— Pourquoi n’êtes-vous pas dans la salle des machines ? Ne put s’empêcher de demander Mustang.

— Je suis la chef cuisinière, lui dit Rachel, comme si cela expliquait tout.

— Et ? demanda Slate.

— Et si les pirates restent longtemps, les autres auront besoin de nourriture et d’eau.

Mustang secoua la tête. Il était impressionné par le dévouement de Rachel pour son travail, mais elle se mettait en danger. Quelqu’un aurait dû comprendre qu’en dehors du capitaine, Rachel était sans doute la plus vulnérable sur ce navire. Les pirates pouvaient se servir d’elle pour forcer les autres membres d’équipage à faire ce qu’ils voulaient.

Il préférait ne pas penser à toutes les autres façons dont ils pouvaient se servir et abuser d’elle.

— J’ai réussi, dit Pid d’un ton triomphant en hochant la tête vers la radio devant lui.

— Déjà ? demanda l’amiral.

— Il veut dire, pourquoi as-tu mis si longtemps ? rectifia Aleck en gloussant.

— Vous avez réussi ? demanda Rachel.

— Je me suis branché sur votre fréquence radio. Nous écoutons la dixième station maintenant.

— Ah bon ? D’accord, bien. Alors… est-ce que ça signifie que vous venez toujours ?

— Oui, lui dit Mustang.

Il avait envie de dire qu’ils arrivaient bientôt, mais malheureusement, rien n’allait aussi vite dans la Navy. Ils devaient élaborer des plans, préparer le Zodiac, et surtout attendre que la nuit tombe… ce qui allait durer encore de longues heures.

— La station de l’équipage est le trois, leur dit-elle. Quand vous arriverez et que vous aurez tué les pirates, vous pourrez nous faire savoir que nous pouvons sortir en sécurité sur cette station.

— Elle est un peu sanguinaire, hein ? murmura Jag. Elle me plaît.

— Merci pour cette information, dit Mustang en ignorant son coéquipier.

Il n’était pas surpris : toute personne travaillant sur un navire de marchandises devait être un peu brute sur les bords. Il imagina une cuisinière de bateau d’après les stéréotypes… une femme plus âgée, grande, en surpoids, portant un tablier taché et les bras couverts de tatouages, avec des cheveux courts et un sale caractère.

Il se sentit alors très con d’avoir pensé à son physique. Ça n’avait aucune importance. De plus, d’après le son de sa voix, il devinait qu’elle avait sans doute environ son âge, trente-cinq ans ou moins, et elle ne semblait pas du tout avoir un sale caractère. Elle faisait de son mieux pour rester calme et leur donner toutes les informations qu’elle pouvait.

— Restez bien cachée quoiqu’il arrive, d’accord ?

— D’accord… mais Scott ?

Il trouva bizarre d’entendre son vrai prénom. Cela faisait longtemps que personne ne l’avait appelé ainsi.

— Oui ?

— Que faire s’ils menacent de tuer une partie des officiers si nous ne nous montrons pas ? Que devons-nous faire alors ?

— Merde, dit Slate doucement.

— Vous restez où vous êtes, dit sévèrement l’amiral. Vous et les autres ne devez en aucun cas vous mettre en danger.

— Je ne suis pas certaine de pouvoir rester là à les écouter tuer les hommes qui sont devenus mes amis, répondit Rachel.

— J’aimerais avoir une meilleure réponse pour vous, lui dit Mustang. J’aimerais pouvoir vous dire que les pirates bluffent et qu’ils ne tueront personne. J’aimerais pouvoir vous dire que si vous, ou n’importe qui d’autre, montez sur la passerelle, qu’ils ne mettront pas en pratique leurs menaces, mais il est impossible de prévoir les actes de ces hommes.

— Et je suis une femme, chuchota Rachel.

— Et vous êtes une femme, acquiesça Mustang. Nous arrivons, assura-t-il.

— Je ne sais pas combien il y a de pirates à bord, dit Rachel, mais il y a un trou à l’avant du navire. Pas un trou, mais une espèce de… hublot d’accès. Mince, je ne connais pas le mot officiel. On peut y utiliser des chaînes et des choses sans les faire passer par-dessus le bastingage. Mais quand nous avons visité le navire, Walter a plaisanté en disant que c’était assez grand pour que quelqu’un puisse passer à travers. La passerelle étant à l’arrière du bateau, et les conteneurs entassés très haut, personne ne vous verrait si vous montiez à bord de cette façon.

Mustang vit sourire ses coéquipiers. Ils ne se moquaient pas d’elle, il était évident que la femme était effrayée, pourtant elle faisait de son mieux pour essayer de les aider, ce qui était apprécié. Mais il était clair que Rachel n’avait pas réfléchi à la logistique de ce qu’elle suggérait. Monter à bord d’un navire en mouvement par l’avant du bateau était terriblement dangereux et il n’y avait pas vraiment de quoi se cacher sur le pont avant.

— Merci pour la suggestion, lui dit Midas d’un ton diplomate.

— Avec plaisir.

— Restez sur cette fréquence, lui dit Pid, afin que nous puissions communiquer avec vous.

— Mais, je ne pourrais pas entendre ce qu’il se passe avec Walter et les autres sur la passerelle, dit-elle.

Mustang hocha la tête en direction de son coéquipier. C’était une bonne suggestion. Si la situation dégénérait, aucun d’eux ne voulait qu’elle l’entende.

— Nous, nous le pourrons, lui dit-il.

— Oh, c’est vrai. J’avais oublié. Très bien. Pouvez-vous… non, laissez tomber.

— Quoi ? demanda Mustang.

— C’est bête.

— Quoi ? demanda-t-il plus énergiquement.

— J’allais juste demander si vous pouviez parler dans la radio de temps en temps et me faire savoir que vous êtes toujours là et que vous venez toujours m’aider. Je suis terrifiée, et je me sens beaucoup mieux en sachant que l’aide arrive.

— Oui, lui dit Mustang. Nous allons rester en contact permanent, car nous avons besoin de savoir ce qu’il se passe sur les ponts inférieurs où vous vous trouvez.

Ce n’était que partiellement vrai. Depuis que Pid les avait connectés à la fréquence ouverte par l’un des officiers sur la passerelle, ils avaient une ligne directe vers la salle la plus importante du navire. Mais ça n’allait pas les aider si les pirates se séparaient.

— D’accord. Merci de venir. Et faites attention. Ces types ont l’air vraiment… en colère.

Il ne se souvenait pas de la dernière fois où quelqu’un leur avait dit, à leur équipe de SEAL de la Navy notoirement solide, de faire attention. Peut-être jamais ?

— Promis, lui dit Mustang. Essayez de vous détendre et vous aussi, faites attention.

— Je vais essayer.

Il y eut une légère pause, puis elle demanda :

— Et maintenant ? Devons-nous dire « terminé » ou autre chose ?

Midas rit doucement.

— Pas besoin. On reste en contact, répondit Mustang.

— Très bien. D’accord. Euh… au revoir pour l’instant, alors.

Mustang secoua la tête. Bon sang. Elle était adorable. Et c’était complètement tordu de penser cela de quelqu’un au milieu d’une opération.

Il n’eut plus le temps de penser à Rachel Walters quand Pid monta le son de la station de radio émise depuis la passerelle. Ils avaient des informations à rassembler, un plan à élaborer et un navire avec presque deux douzaines de membres d’équipage à sauver.

Un paradis pour Élodie